La France : une histoire juive ?
Carte blanche proposée par le Musée d'art et d'histoire du judaïsme Des Juifs sont attestés en France depuis l’Antiquité, comme en témoigne la spectaculaire découverte en 2009 à Arles du sarcophage de Pompeia Iudea (« Pompée la Juive », IIIe siècle de notre ère). Si les vestiges de leur présence sont rares pour le premier Moyen Âge, en revanche notre pays est l’un des foyers les plus féconds de la pensée rabbinique médiévale, avec Salomon fils d’Isaac le Français, dit Rachi, et ses nombreux commentateurs dans le Nord, mais aussi dans le Midi avec les influences de la philosophie grecque et de la kabbale, transmises depuis la péninsule Ibérique. Les Capétiens sont les premiers souverains européens à expulser les Juifs (Philippe Auguste en 1182, Philippe le Bel en 1306), et ces bannissements se poursuivent jusqu’en 1501, après le rattachement du comté de Provence au royaume, toutefois des communautés se maintiennent en Alsace et dans le Comtat Venaissin, ou se reconstituent en Lorraine et sur la côte Aquitaine au XVIe siècle. Des Juifs sont ainsi présents en France sous l’Ancien Régime, et leurs droits font l’objets d’âpres débats à la fin du XVIIIe siècle. En 1791, la Constituante les émancipe, décision sans précédent. Se développe alors un modèle d’intégration – l’Israélitisme français –, faisant de notre pays un pôle d’attraction pour tous les Juifs d’Europe, qui adhèrent avec ferveur aux valeurs républicaines. Cet ancrage profond est une des spécificités de la France, qui abrite aujourd’hui la plus grande population juive après les États-Unis et Israël. Pourtant, en dépit d’un riche corpus d’archives et d’une abondante historiographie, cette longue histoire n’est pas enseignée dans le secondaire et reste étrangère aux représentations communes.