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La fabrique des héros

« La République nous appelle/Sachons vaincre ou sachons périr ! » Ces paroles du « Chant du départ » révolutionnaire pourraient, un siècle plus tard, être reprises par les Poilus de 1914.

La Révolution a inventé l’armée de citoyens, décidés, propagande oblige, à tout sacrifier à la patrie et à la république. Ce système de conscription s’est transmis au Consulat, à l’Empire et aux régimes qui se sont succédé jusqu’en 1914. C’est donc bien en héritière de la « levée en masse » de 1793 que la Troisième République entre dans la Grande Guerre. En héritière, aussi, de tout un système de représentations, de toute une rhétorique de l’outrance et de l’exaltation qui vise à galvaniser ces hommes confrontés à une terrible épreuve.

Comment s’est élaboré en 1793, et a été reproduit en 1914-1918, un discours de l’héroïsation qui fut avant tout celui de la souffrance exhibée, sublimée, revendiquée ? Grands défilés et grandes fêtes patriotiques, recueils de paroles et d’actions prodigieuses qui semblent relever directement de l’hagiographie, pendant la Révolution ; en 1914-1918 et dans les années qui suivirent, grandes cérémonies commémoratives, célébration du soldat inconnu, promotion officielle des « gueules cassées », invitées par exemple à la signature du traité de Versailles…

Du Recueil des actions héroïques de 1793 au Guide du Poilu, la « fabrique du héros » a utilisé pour convaincre les populations différents types de récits largement diffusés, auxquels les soldats, ainsi que leurs familles, sont invités à donner foi et au centre desquels se place le martyr de la République qui fait passer sa vie après la gloire de la nation.

Ainsi se sont forgés, dans un contexte de mobilisation culturelle tournée vers l’effort de guerre total, une imagerie et un propos cohérents, qui peuvent paraître bien lointains à nos sociétés pacifiées, mais qui participèrent, pendant plus d’un siècle, à l’éducation patriotique de cet individu nouveau qu’était le citoyen soldat.

De manière inédite, deux spécialistes, l’un de la Révolution, l’autre de la Première Guerre mondiale se rencontrent pour explorer les ressorts et l’impact de cette propagande officielle sur les mentalités collectives.

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Château Royal de Blois
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