La Commune avant Paris (Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux), 1870-1871

Les villes sont particulièrement affectées par les processus de transition politique. Alors que Lyon, Marseille et Bordeaux ont connu, sous le Second Empire, des travaux comparables à ceux d'Haussmann à Paris, la proclamation de la République, le 4 septembre 1870, et les communes qui s'y installent, plus ou moins durablement, avant même la Commune de Paris, interrogent les logiques urbaines du changement de régime. Noms de rues modifiés, iconoclasme massif, lieux réappropriés, nouveaux usages de l'espace public se doublent de pratiques spécifiques qui bouleversent l'ordre urbain. La recréation de la garde nationale et l'arrivée massive de volontaires étrangers, dans le contexte de la guerre franco-prussienne, modifient ainsi la physionomie des villes du Sud. En outre, alors que la capitale est soumise à un siège, les municipalités du Sud bénéficient d'une inédite autonomie, à l'origine de créations institutionnelles originales. Ces villes apparaissent ainsi comme des laboratoires républicains qu'il s'agit, dans ce travail, d'étudier sous l'angle du matériel et du genre. Des catégories souvent invisibles dans les analyses des communes émergent ainsi. Elles permettent de saisir finement les mécanismes révolutionnaires et de comprendre les décalages chronologiques entre Paris et la province. Ce sont ainsi les débuts de la Troisième République qui se trouvent envisagés à nouveaux frais.