Jean Moulin, un héros français : vie, destin, légende
Jean Moulin est plus que le nom d’un personnage historique. Il est devenu le synonyme et l’emblème de la Résistance, du courage et du sacrifice. À preuve le nombre de rues ou d’établissements scolaires qui portent ce nom. À preuve la spontanéité avec laquelle il vient à l’esprit quand il s’agit de citer un des « grands hommes » du Panthéon, un exemple à donner à la jeunesse ou à la Nation.
L’engagement résistant et la mort sous la torture ont fait de sa vie un destin, avant que l’histoire (et André Malraux) en fasse une légende. Il est un héros français.
Cependant, Jean Moulin a eu une vie dont il ignorait, comme tout à chacun, où elle le menait. Dans cette vie, il y eut des « journées particulières », sur le moment ou a posteriori, intimes, publiques, voire historiques, heureuses, décevantes ou tragiques. Il fut un élève moyen, un soldat de la Grande Guerre qui ne combattit pas, un fonctionnaire ambitieux, un amoureux échaudé, un dessinateur de presse à succès, un artiste en recherche, un homme engagé, un rebelle isolé, le fédérateur des résistants de métropole. Ces 25 journées choisies dans sa vie dessinent une trajectoire qui conduit au destin final, mais elles rendent aussi le héros à la condition qu’il partage avec tous les hommes.
Né à l’extrême fin du XIXe siècle, mort à 44 ans avant même que s’achève la Seconde Guerre mondiale, Jean Moulin est cependant un homme moderne. À cause du regard renouvelé que nous posons sur lui, époque après époque, débat après débat. À cause aussi de l’universalité des valeurs dont il s’est fait, à bas bruit mais avec une énergie jamais démentie, l’acteur et le défenseur : la liberté, la démocratie, le risque assumé, l’attention aux plus vulnérables, tout ce qu’il associait au plus profond de son être à la République.