« Jacaranda » : Grand entretien avec Gaël Faye
à l’occasion de la publication de l’ouvrage Jacaranda, de Gaye Faye (Éditions Grasset)
C’était il y a huit ans. Gaël Faye déboulait dans nos vies avec un premier roman largement autobiographique qui, soudain, nous éclairait sur le génocide rwandais comme jamais. Sa force ? Raconter cette tragédie à hauteur d’enfants : Gabriel, 10 ans, et sa sœur Ana. Deux métis franco-rwandais dont la vie aisée et paisible à Bujumbura au Burundi est percutée par la guerre civile qui ravage le pays en 1993 - bientôt attisée par le massacre des Tutsis au Rwanda voisin. Vendu à plus d’un million d’exemplaires, lauréat du Prix Goncourt des Lycéens, Petit Pays a été adapté au cinéma en 2020 par Éric Barbier. En avril dernier, il a fait l’objet d’une bande dessinée signée Marzena Sowa et Sylvain Savoia.
Un premier roman donc. Et une autre manière pour l’auteur - né lui-même à Bujumbura d’un père français et d’une mère rwandaise -, exilé en France en 1995, de vivre sa passion de l’écriture. Car jusque-là, son amour des mots était passé par le rap et un premier album sorti en 2013 : « Pili-pili sur un croissant au beurre ». D’autres ont suivi depuis, dont « Lundi méchant », disque d’or en 2022.
Avec la sortie de son deuxième roman, Gaël Faye nous fait un immense cadeau. Porté par une écriture magnifique, Jacaranda offre une compréhension intime du Rwanda, dont il embrasse l’histoire à travers le personnage de Milan, autre Franco-rwandais qui découvre la terre de sa mère au lendemain du génocide et observe le pays évoluer jusqu’à l’aube de la crise sanitaire. De cet « après » naissent des questions vertigineuses qui, comme dans « Petit Pays », touchent aux fondements même de l’humanité.
Yasmine Youssi, rédactrice en chef au journal Télérama