Inventer l'hommage : les institutions séculières face au deuil (XXe-XXIe siècle)
Carte Blanche à Histoire@Politique L’enjeu est de s’intéresser à la manière dont certaines institutions séculières contemporaines – l’école, le parlement, la justice, l’entreprise – ont pu être, à côté d’institutions plus traditionnelles (religieuses, militaires), des lieux d’invention singuliers de formes d’hommages aux morts et de prise en charge du deuil. Pour aborder ce travail du deuil, les institutions retenues sont envisagées dans le cadre d’événements violents qui viennent percuter les temporalités sociales : guerre internationale (la Grande Guerre et son impact sur la République de Weimar), guerre coloniale (la justice et la Guerre d’Algérie), terrorisme (les événements de janvier et novembre 2015), accident industriel (les catastrophes minières dans les années 1970). Ces surgissements imposent dès lors aux institutions de re politiser les rites de deuils dans le cadre de la gestion de ces après-coups : quels sens donner aux morts ? Quelles formes prêter à l’hommage et aux deuils ? Comment ces derniers peuvent-ils incarner l’unité du corps social considéré, ou au contraire les fractures qui le traversent ? En faisant varier les moments et les espaces (Allemagne, France, monde colonial), on se penchera en particulier sur les acteurs et les actrices de ces hommages, ainsi que sur les formes qu’ils sont susceptibles de prendre, entre adaptation, contestation et transgression. Il s’agira de comprendre ainsi les pratiques et les discours autour des hommages aux morts comment autant de mises à l’épreuve de certaines institutions séculières, face aux tensions et aux remises en question qui les traversent.