Industrialisation, travail et question sociale au XIXe siècle
L’industrialisation, dans la variété de ses modalités et de ses temporalités, transforme profondément l’organisation de la société et les rapports sociaux. Les conditions de travail et de vie de la main-d’œuvre sont délétères, surtout dans la première phase de l’industrialisation : introduction massive du travail de nuit, élargissement des bassins de main-d’œuvre et appel aux migrations, extension de l’âge d’exposition au travail (et notamment travail des enfants, des femmes en situation de procréation ou des vieillards), allongement du temps de travail, bas salaires, crises successives avec des chômages répétés, maladies professionnelles et accidents du travail, logements insalubres, etc. La condition ouvrière devient synonyme de problème, de mise en danger d’une classe sociale pour elle-même mais aussi dans ses relations avec l’ensemble de la société. Des médecins, des économistes, des philanthropes, au cours d’enquêtes, déplorent l’état physique délabré des ouvriers et les risques qu’encoure la société toute entière à tolérer cette dégradation. L’on craint la « dégénérescence de la race », le délitement du lien social, mais aussi les mobilisations et les organisations ouvrières ou le développement du socialisme qui gagnent en audience. Aussi, certains réformateurs sociaux s’efforcent-ils de répondre à « la question sociale » et proposent de légiférer afin de réguler le travail et de protéger les travailleuses, puis les travailleurs.