Illégalisme comme défis: le cas de la prostitution et de l'avortement (fin XIXe, début Xxe)
Cartes blanche aux éditions de l’Ined et aux Éditions Champ Vallon
Dans leurs ouvrages respectifs, Clyde Plumauzille et Fabrice Cahen se penchent sur l’histoire de deux pratiques, érigées en déviances morales, et que les pouvoirs publics entendirent refouler : la prostitution et l’avortement. Si ces deux objets historiques ont souvent été abordés sous l’angle des entreprises moralisatrices, l’historiographie s’était pendant longtemps moins intéressée aux réalités des stratégies et des pratiques d’Etat en la matière.
Le croisement de regards proposé dans cette séance vise à aborder les questions suivantes : les deux « problèmes » furent-ils pensés de façon analogue ? Les moyens envisagés pour les traiter furent-ils similaires ? Le fait que les politiques menées n’aient dans aucun des deux cas atteint les objectifs qu’elles s’étaient fixées relève-t-il de facteurs identiques ?
L’hypothèse qui sera développée consiste à rechercher du côté des contradictions internes de l’Etat démocratique-libéral, et pas seulement du côté de la nature même des phénomènes sociaux visés, une partie majeure de l’explication. Les velléités d’ordre moral devaient en effet composer avec des principes (laïcisation du droit, respect du libre choix des individus…) comme avec des contraintes (financières, humaines et bureaucratiques), qui ne cessaient de se rappeler à l’esprit des entrepreneurs de lutte.
La discussion voudrait démontrer en quoi les études historiques peuvent instruire le débat public sur la question des mœurs. Le recul et la réflexion sur les expériences passées peuvent en effet donner lieu à de meilleures façons de poser les problèmes, tout en montrant de quelle manière le pluralisme éthique parvient, au fil du temps, à s’imposer sans que l’ordre social n’en soit pour autant menacé.