Henri Coudreau en Amazonie (1883-1899) ou les difficultés de tracer des frontières.
Carte blanche aux éditions Chandeigne
Patrick Straumann revient sur l'histoire hors du commun et suit les traces d'Henri Coudreau (1859-1899). Né comme Pierre Loti, Samuel de Champlain et René Caillié dans les landes charentaises, Henri Coudreau rêve dans sa jeunesse de traversées de déserts et d’expéditions au centre de l’Afrique, mais finit par s’installer à Cayenne et parcourir les forêts de la côte caraïbe. D’abord seul, plus tard en compagnie de sa femme Octavie, il cartographie l’intérieur de la Guyane et explore les savanes de la zone frontalière entre la France et le Brésil, avant de tourner le dos aux Ministères parisiens et de se mettre au service du gouvernement de Rio. Fin 1899, lorsqu’il meurt en pleine expédition de la fièvre, Octavie l’enterre sur les rives du Rio Trombetas et poursuit seule ma mission en cours. Quatre ans, cinq expéditions et cinq livres plus tard, elle retournera sur le lieu de sa sépulture afin d’exhumer ses restes et de les rapatrier à Angoulême. En cette seconde moitié du XIXe, les zones hachurées des cartes fondent à vue d’œil, les frontières restent à définir et le projet colonial français se dissout dans la chaleur équatoriale, mais l’attrait des tropiques reste puissant et la démesure de l’Amazonie ravive toutes les utopies. Aventuriers, anarchistes et chercheurs d’or peuplent une contrée façonnée par les guerres des armées européennes et les soulèvements des esclaves en fuite. À une époque où le caoutchouc déclenche toutes les convoitises, les Coudreau s’affranchissent progressivement de leurs missions pour se retirer dans un exil intérieur.