Paul Klee, un tableau de 1931
Les Cartes Blanches

Faire parler les morts pour (re)construire les mémoires

Carte Blanche à CVUH-Comite de Vigilance face aux Usages de l'Histoire Pratique de légitimation, de filiation voire d’usurpation, faire parler les morts est une technique ancienne qui sert généralement à faire émerger ou à détourner a posteriori une mémoire perdue, oubliée, partielle, ou imaginée. Le CVUH propose une table ronde qui s’intéresse à cette pratique et à son rôle dans certaines trajectoires mémorielles, en la saisissant dans trois types de contexte spécifique. Il s’agira à chaque fois de montrer comment la parole des morts est invoquée par les vivants pour contourner ou bousculer les récits historiques dominants. Des morts que l’on fait parler. Instrumentaliser la parole des historiens morts, de Jaurès à Marc Bloch ou encore récupérer sans même être capables de les actualiser les hauts faits ou les forfaitures des grands hommes du passé est une pratique politique bien connue depuis le XIXe siècle dont usent les hommes de droite comme de gauche. Des fragments de discours sont ainsi revisités dans le seul objectif de légitimer des choix politiques des hommes de pouvoir qui ainsi dénaturent volontairement l’historicité des discours et des actes de leurs auteurs. Des morts que l’on magnifie. Depuis la mise au jour du somnambulisme magnétique en 1784, cet état modifié de conscience renommé hypnose, des morts sont convoqués pour parler aux vivants par ceux et surtout celles qui sont dans cette sorte de transe, voyantes d’abord puis quand naît la religion spirite en 1857, médiums. Certaines de ces femmes convoquent alors des morts célèbres (Fénelon, Platon, Augustin, Lamennais et bien d’autres) pour défendre des revendications sociales, culturelles voire politiques (égalité civile et politique, avortement…). Des morts que l’on fait taire. Les morts que l’on contraint au silence sont les plus nombreux, leurs vies, leurs actes, leur idées aucunement ne sont retenues. De leur vivant déjà leurs expériences sont écartées. Après leur mort le silence entoure les tombes – quand elles existent –, de ceux et celles dont la vie rebelle n’a pas été reconnue pendant la colonisation et au cours des guerres d’indépendance. Ainsi des voix d’hier sont rendues inaudibles par oubli volontaire.

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Faire parler les morts pour (re)construire les mémoires
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Paul Klee, un tableau de 1931
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