Faire la France ? Enraciner la IIIe République par l'école
Héritier des importants débats sur l’éducation qui ont animé tout le XVIIIe siècle et se sont intensifiés pendant la période révolutionnaire, le XIXe siècle peut être aisément qualifié de siècle pédagogique. Ce siècle voit se transformer en profondeur l’enseignement comme les mondes du travail alors que s’engage le double mouvement d’élargissement de la souveraineté populaire – le suffrage universel masculin est proclamé en mars 1848 – et d’expansion industrielle. Du « moment Guizot » aux lois Ferry, l’école est au cœur des préoccupations et des projets politiques.
L’œuvre scolaire de la IIIe République incarne les ambitions politiques et sociales de ce régime ainsi que les conflits qu’elle génère. Le début de IIIe République est intrinsèquement lié à la mise en place de l’école primaire gratuite, obligatoire et laïque par les lois de 1881 et 1882, l’instruction doit former des citoyens en capacité d’exercer leurs droits et leurs libertés. Obligatoire, elle ne doit exclure personne. Mais ces lois cardinales ne sont qu’une part d’un projet global. Pour les plus petits, la création des écoles maternelles, pour les plus grandes, la loi Camille Sée de décembre 1880 permet aux filles d’accéder à l’enseignement secondaire, aux lycées publics. Ces lois permettent une amélioration qualitative et quantitative de l’enseignement visant l’égalité (chute de l’illettrisme), l’ascension sociale et l’émancipation, toujours dans les limites du milieu social d’origine et du de genre, tout en développant les valeurs et idéaux de la France républicaine. Souvent situées à côté des mairies, les écoles primaires deviennent ainsi le moyen privilégié d’enraciner la République et de faire Nation.
L’école républicaine diffuse une culture spécifique pour construire le sentiment républicain et l’unité de la Nation – importance du patriotisme. L’histoire-géographie est au cœur de cet enseignement. L’histoire à enseigner est élaborée comme « un roman national » dont son « instituteur national » Ernest Lavisse met en scène de grandes figures de la France dans une trajectoire menant à la République. L’école diffuse également un modèle social par le respect de la hiérarchie, « les hussards noirs » incarnant la moralité et le respect notamment dans les leçons d’instruction civique. La gymnastique discipline les corps et forme au régiment.
Il s’agit alors de traiter de l’enracinement de la IIIe République, de ses valeurs et ses projets politiques et sociaux au prisme de l’école. Celle-ci catalyse et cristallise les enjeux et les tensions de la fin du XIXe siècle. Le sujet se propose d’expliciter une ambiguïté, faire la France ou faire la République par l’école.
Cette proposition d’atelier pédagogique s’intègre dans le chapitre d’Histoire du programme de 4e « la Troisième République » du thème 3 « Société, culture et politique dans la France du XIXe siècle ». Elle repose sur une mise au point scientifique qui s’appuie sur le renouvellement historiographique de l'histoire de l'école au XIXe siècle et au début de la IIIe République. Elle met en avant les enjeux politiques, sociaux et culturels de l’école et de l’instruction des classes populaires et leurs limites. Puis une proposition pédagogique est proposée afin de faire le lien entre recherche et enseignement