Face à Charybde, Scylla et tous les autres : la protection sociale des gens de mer, de l'époque moderne à nos jours
Les marins font face, du fait de leurs activités, à des aléas d’une nature particulière (naufrages, incendies, maladies, etc.) tandis que la difficulté à recruter des équipages conduit à faire cohabiter sur un même bâtiment des individus aux statuts juridiques parfois très différents. Ces difficultés multiples conduisent à un décalage entre les normes juridiques édictées par les pouvoirs en place sur la protection des gens de mer et leur application locale par les armateurs, les capitaines et les marins. Les spécificités du travail de la mer contribuent ainsi à l’émergence précoce de formes de protection sociales, destinées aux gens de mer et à leur famille.
Cette table ronde s’articule autour de deux axes principaux. Il s’agit dans un premier temps d’interroger la place particulière de la protection des gens de mer dans l’histoire du développement de la protection sociale. Celle-ci apparaît en effet comme inédite à l’époque moderne tout en demeurant difficile à mettre en œuvre concrètement jusqu’à l’époque contemporaine. Cette table-ronde vise par ailleurs à explorer ces formes de protection en insistant sur la multiplicité des acteurs qui y participent, l’entrelacement des échelles géographiques auxquelles elles se déploient ainsi que les adaptations locales dont elles font l'objet. Pour répondre à cette double problématique on s’appuiera sur les exemples des marins provençaux et bretons aux XVIIe et XVIIIe siècle mais aussi sur les formes de protection dont bénéficient les étrangers de la marine marchande britannique au XXe siècle ou encore les pêcheurs tunisiens des années 1970.