En-chant-eresse : la figure de la sirène dans l'imaginaire musical
Carte blanche à la Bibliothèque nationale de France
Créatures de mort dont le chant est à la fois synonyme de luxure et de suprême connaissance, les sirènes constituent une saisissante allégorie de l’art musical. Troubles et troublantes par essence, c’est à plusieurs titres qu’elles décevaient les sens de leurs spectateurs légendaires : les Anciens ne s’accordent ni sur le chant ni sur l’apparence de ces monstres - tantôt femmes-oiseaux, tantôt femmes-poissons. Comment retranscrire, par des images, des mots ou des notes, l’identité de musiciennes si évanescentes ? Celles-ci excitent tant l’imaginaire des artistes qu’en 1858 l’érudit et compositeur Jean-Georges Kastner (1810-1867) fait précéder sa « grande symphonie dramatique, vocale et instrumentale », Le rêve d’Oswald ou Les Sirènes, d’un traité fleuve. Si ce dernier compile méthodiquement les diverses mentions de sirènes littéraires, historiques et folkloriques, les choix des artistes aux prises avec ce monstre aux multiples facettes font émerger en musique et sur les scènes un archétype de la femme aquatique que cette communication se propose d’étudier.