Ecrire l'histoire: une revue pas comme les autres pour explorer la fin de l'histoire
Carte blanche à CNRS éditions.
Au temps d’une fin de l’histoire pensée sous le signe de l’achèvement des conflits et du libéralisme consensuel, a succédé l’omniprésence du sentiment apocalyptique. Scénarios de fin du monde, mises en garde contre la catastrophe écologique d’ampleur planétaire qui nous guette, crise de l’agir et perte de la présence au monde : autant de signes que la fin de l’histoire est non pas seulement une hypothèse philosophique à débattre mais une expérience avec laquelle il nous faut apprendre à penser. Si par le biais des médias se répend, depuis la célébration du IIe millénaire, une véritable culture apocalyptique, développant à propos de tout événement désastreux les mêmes images, la même rhétorique de la catastrophe sans lendemain, le thème apocalyptique suscite également sa critique.
Avec ce dossier, Écrire l’histoire propose de découvrir diverses formes de remises en cause de la logique du pire, que cette dernière prenne la forme de l’apocalypse ou celle de la fin de l’histoire. Mais il s’agit aussi de comprendre pourquoi la pensée de la fin de l’histoire est indissociable de la conscience historique moderne et de voir comment, au lieu de figer l’invention du futur, elle peut contenir la révélation (sens propre d’« apocalypse ») d’un temps ouvert parce que non linéaire.
Le dossier, coordonné par Paule Petitier et Sophie Wahnich, réunit des contributions d’historiens, de philosophes, de sociologues, de spécialistes de cinéma et de littérature : elles s’attachent à l’apocalyptisme contemporain, mais aussi à l’émergence, avec la Révolution française, d’une inquiétude sur le terme de l’histoire; elles s’intéressent aux discours savants prétendant détenir le mot de la fin, mais aussi à la praxis des acteurs politiques, aux mises en images qui délivrent de l’interminable et aux penseurs qui ne cessent de rouvrir l’horizon temporel. Les auteurs étudiés – François Furet, Francis Fukuyama, Renouvier, Max Weber, Michelet, Baudelaire - mais aussi la diversité des champs – de la philosophie au cinéma catastrophe – témoignent de l’ouverture et de l’ambition de la revue : « Créer un espace de confluences des histoires de l’histoire, des historiographiques, mais aussi de toutes les pratiques symboliques qui prennent l’histoire pour matériau. »