Écrire l’histoire du temps présent : intercéder entre vivants et morts ?

Conférence proposée par le Conseil Scientifique L’histoire du temps présent est cette histoire qui se préoccupe de la période la plus récente du temps, celle dont les témoins sont encore vivants. Dans cette acception, elle couvre une frange de temps que la mort progressive des acteurs rend constamment avançante. A la différence des autres périodes historiques, les vivants se trouvent donc au cœur de son écriture. Lorsque l’on étudie la guerre d’indépendance algérienne (1954-1962), les mobilisations de la période révolutionnaire des Indépendances en Afrique ou dans le monde arabe (des années 40 aux années 1970), ou encore la violence de la Décennie noire algérienne des années 1990, les historiens se tournent sans cesse vers des vivants pour recueillir leurs récits, leurs souvenirs et leurs archives. Et pourtant, dans ces entreprises, le rapport aux morts est omniprésent. Les témoins survivants qui nous parlent évoquent incessamment leurs disparus ; ils sont parfois tentés de parler pour eux, ou en leur mémoire ; parfois, ils sont à la recherche d’une commémoration savante, de justice, de réparation. Et parfois tout simplement, comme dans le cas des disparus de la « bataille d’Alger » de 1957, ils continuent de chercher la vérité sur le sort de victimes de disparition forcée. À partir de plus de vingt ans de recherche menées sur l’histoire de l’Algérie et du Maghreb contemporain, il sera question ici de la place particulière que l’historienne du temps présent peut être amenée à jouer entre les vivants et les morts.