Du Sénégal en Guyane, une utopie chrétienne. Anne-Marie Javouhey (1779-1851)
Carte Blanche aux éditions Alma
Née dans une famille paysanne de Bourgogne, Anne-Marie Javouhey (1779-1851) est l’une des grandes figures d’un catholicisme intrépide forgé en pleine « déchristianisation » révolutionnaire. Elle choisit très tôt de se consacrer à Dieu et à l’enseignement des pauvres - particulièrement des femmes. Quittant la Côte-d’Or, non sans mésaventures, elle fonde en 1807 la première et la plus importante congrégation missionnaire féminine du XIXe siècle : les Sœurs de Saint-Joseph de Cluny, toujours actives aujourd’hui. - Mais elle ne s’en tient pas là. Dans le sillage des missions jésuites du Paraguay, elle veut embraser le monde du « feu divin ». C’est pour elle « l’œuvre de Dieu », une « sainte entreprise », moteur de sa vie voyageuse. Esquissée en Afrique, celle-ci voit le jour en Guyane, sur les bords de la Mana, avec des sœurs de sa fondation et des Africains. - À l’envers de l’ordre colonial et esclavagiste : on y travaille pour soi-même et pas pour un maître. Le pouvoir ne revient à aucun homme blanc et propriétaire. Les violences conjugales sont condamnées, les mères accouchent dans de bonnes conditions sanitaires, presque tous les enfants vont à l’école, les filles autant que les garçons. À Mana, on doit s’expliquer calmement, avec des mots ; tous et toutes s’entraident. L’art de gouverner est lui-même unique en son genre. Les cheffes occupent des fonctions partout ailleurs réservées aux hommes et partagent les conditions de vie de ceux qu’elles dirigent. - Soutenue par une documentation largement inédite, La sainte entreprise (Alma Editeur) raconte l’histoire d’une femme d’exception dans un monde d’hommes. Anne-Marie Javouhey paya durement le prix de sa détermination. Sous ses apparences conformes au monde révolu de son enfance, son engagement dépassait alors les bornes de l’acceptable, sinon de l’imaginable.