Du Moyen Âge à nos jours, qu'est-ce que l'infamie ?
Carte blanche à La Documentation française Ce livre s’intéresse moins aux individus qui ont traversé l’histoire en étant considérés comme infâmes : juifs, lépreux, sorcières… qu’à la façon dont se construit l’infamie et aux liens qu’elle entretient avec la justice. En établissant au XIIe siècle une procédure fondée sur l’enquête de renommée, donc en définissant la bonne et la mauvaise réputation, la justice a permis de dire qui était juridiquement infâme et par conséquent punissable ou, au contraire, digne de voir restaurer son honneur. Mais les juges ne sont pas insensibles à la société qui les entoure. En imposant des peines infamantes (marques, pilori, peine de mort), ils répondent aux attentes du public pour déshonorer ceux qui sont jugés coupables et il le fait participer à la sanction. Justice et opinion vont de pair. Reste à savoir dans quelle mesure la société influence la décision des juges en désignant de nouvelles formes d’infamie. Les prostituées, les chiffonniers, les voleurs, les homosexuels, les terroristes correspondent aux membres que la société souhaite exclure à un moment donné de son histoire. Actuellement, la circulation de l’information sur les réseaux sociaux grossit le phénomène et tend à le rendre immédiat et irréversible. Ce livre évoque ces problèmes à travers des exemples empruntés à des moments différents de l’histoire, du Moyen Âge à nos jours, qui permettent de traiter des formes d’infamie (carcan, marque, peinture infamante, gibet), de quelques exemples de catégories sociales (prostituées, chiffonniers) et de personnalités considérées comme infâmes (Érasme, Sade, Zola), du lien entre infamie et opinion (affaire Baudis). Il pose donc ces questions essentielles : les juges peuvent-ils à eux seuls laver l’infamie et restaurer l’honneur ? L’infamie échappe-t-elle à la justice ?