Des colonisés ingouvernables aux étrangers indésirables : immigration algérienne et politiques de francité (années 1920-2020)
Carte blanche aux Presses de Sciences Po
Le droit de la nationalité ou les politiques d’immigration, sans même parler des controverses « sécuritaires » contemporaines, sont ancrés dans une histoire longue de la France impériale, en particulier de la colonisation de l’Algérie (1830-1962). De la grande loi républicaine sur la nationalité de 1889 aux débats récents sur le « droit du sol » (à Mayotte ou en « métropole »), les questions d’appartenance et de citoyenneté ont été conformées par la conjonction de l’histoire coloniale et de mouvements migratoires qui contrecarrent les mythes et récits sur l’identité nationale. Les catégories juridiques se sont construites, défaites, reconfigurées dans les violences de la colonisation et des guerres d’indépendance, conduisant à un véritable « trouble dans la nationalité » tenant à la fois à la fois fluidité des appartenances et au désajustement des représentations dominantes.
Revenir sur une période méconnue de l’histoire coloniale et sur ce que signifiait au quotidien être colonisé dans la Kabylie, et ses prolongements hexagonaux, des années 1930 permet d’éclairer d’un jour nouveau les controverses et incertitudes d’un présent miné par une francité fermée. La micro-histoire connectée, d’Akbou à Paris, se révèle un antidote aux falsifications oublieuses de la longue durée d’un « mixte franco-algérien » né de la dépossession coloniale mais partie prenante de millions de vies ordinaires.