Des bidonvilles d’Alger aux grands ensembles du plan de Constantine : photographier et filmer les enjeux de la modernité urbaine en guerre coloniale.
Les images du reportage ALG 57-279 consacré à l’inauguration de la cité de l’Espoir en mai 1957 par le général de division Allard, commandant le corps d’Alger, et l’appellation choisie pour cet ensemble de logements réservés aux Français musulmans d’Algérie (FMA), selon la classification coloniale alors usitée, renseignent les différents usages que les autorités civiles et militaires souhaitent faire de la
promotion de la modernité urbaine dans l’Algérie en guerre. La richesse du fonds photographique et filmique permet de dérouler et de questionner les modalités de ce vaste chantier urbanistique : la destruction des bidonvilles (ceux du Clos Salembier et de Maison Carrée notamment), les choix discursifs effectués dans la manière de photographier les habitants relogés, les ensembles d’immeubles pensés par des architectes de la Reconstruction (dont le politique Paul Delouvrier), les visites de chantier, la venue des officiels civils et militaires et la présence des SAU (sections administratives urbaines) font de la construction des nouveaux bâtiments de norme HLM un enjeu évident de l’État en guerre. La chronologie dans laquelle ces objectifs s’inscrivent permet en outre de mettre en vis à vis des parallèles de temporalité avec les chantiers du logement social métropolitain.