Au milieu de ces désastres dont les suites se feront sentir longtemps : Esclavage et empire après Saint-Domingue dans le monde atlantique (1791 – 1815)
Prix de thèse de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage
Cette présentation inspirée d’une thèse de doctorat soutenue en 2021 tentera d’expliquer la place centrale de l’insurrection des esclaves de la colonie française de Saint-Domingue dans l’orientation des politiques de trois États (France, Grande-Bretagne, États-Unis) envers l’esclavage après 1791 et jusqu’au Congrès de Vienne de 1815. Plus particulièrement, elle souhaitera montrer en quoi le long processus révolutionnaire débutée à Saint-Domingue en août 1791 fût à la fois le déclencheur d’avancées décisives vers l’abolition de l’esclavage – notamment l’abolition de la traite transatlantique par différentes nations européennes et américaines durant le période –, et du redéploiement général de l’économie de plantation esclavagiste vers de nouveaux territoires à travers les Amériques, phénomène que les historiens désignent sous le nom de « Second Esclavage ».
La présentation sera articulée autour de deux grands moments : le premier analysera les différentes politiques suivies par les trois États étudiés à la suite de l’insurrection d’août 1791 : celle du pouvoir métropolitain français qui s’engagea dans une politique d’émancipation générale des esclaves en février 1794 ; celle de l’empire britannique qui soutint défense et expansion de l’esclavage dans un contexte de guerre généralisée dans les Caraïbes. Le deuxième s’intéressera au tournant du rétablissement de l’esclavage par la France en 1802 et de la guerre d’indépendance haïtienne de 1802 – 1804 (la colonie de Saint-Domingue devenant la république indépendante d’Haïti après l’échec du rétablissement français), et l’impact de ce nouvel ordre géopolitique dans les Caraïbes sur la politique des États-Unis et de l’empire britannique envers la traite, avec notamment la double abolition (britannique puis états-unienne) du commerce de la traite en 1807, et l’émergence d’une diplomatie de l’abolition en Grande-Bretagne qui imposa en partie ses objectifs pour la réorganisation de l’économie atlantique lors du Congrès de Vienne en 1815.