Agrophilosophie
Lorsque le philosophe Gaspard Koenig acquiert l’hectare de terrain normand dans lequel il se voit déjà faire prospérer arbres fruitiers et potager, il est loin d’imaginer l’ampleur du travail à venir. « Il faut cultiver notre jardin », dit Voltaire… d’accord, mais comment ? Armé d’outils aussi sophistiqués qu’inutiles, de conseils glanés et de livres de spécialistes obtus, le néorural apprend à sarcler, biner et planter. Très vite, également, Koenig se tourne vers ses vieux amis les philosophes – n’ont-ils pas, eux aussi, des conseils à donner à l’apprenti jardinier ? Faire pousser ses haricots, n’est-ce pas, après tout, un premier geste vital et éminemment humain ? Surprise : les grands textes sont peu diserts sur le sujet. Pourtant, au détour d’une page ou d’une métaphore, les philosophes se révèlent, enfin : Socrate déambule dans l’herbe fraîche, Locke cueille des pommes, Kant regarde pousser les arbres… Or, la manière dont on se comporte avec la nature, dont on la met en culture, reflète une vision du monde. Les anarchistes laissent pousser les ronces, les hégéliens veulent des jardins à la française. C’est tout l’objet de ce livre : expliquer la pensée par le sol. Dis-moi comment tu cultives ton jardin, je te dirai qui tu es !