Abomination de la mort, peur des revenants, deuils insurmontables ou pathologiques : cohabiter avec les morts de l'Antiquité à nos jours

Carte Blanche à SOPHAU Les « disparus », dont les sociétés humaines se représentent souvent la destinée post mortem dans un autre monde, séparé de celui des vivants, conservent une place singulière, entre intégration et mise à l'écart, entre commémoration et occultation des corps. Les rituels accompagnant le passage de la mort, l’organisation des espaces dédiés aux défunts, le travail d’identification, de deuil et de mémoire sont révélateurs de sentiments ambivalents envers ceux qui ne sont plus, mais cohabitent avec les vivants. Réunis autour de Françoise Dunand, professeure d’histoire des religions à l’Université de Strasbourg et spécialiste des pratiques funéraires antiques, quatre historiens et archéologues sont invités à débattre de cette ambivalence fondamentale dans les sociétés présentes et passées. Christiane Zivie-Coche (École Pratique des Hautes Études) a travaillé sur la peur de la mort et des morts en Égypte ancienne, au-delà de l’image d’un au-delà bienheureux. Jean-Claude Schmitt (École des Hautes Études en Sciences Sociales) a quant à lui étudié la règlementation de la cohabitation des morts et des vivants dans la société médiévale et la perception des revenants, révélateurs de la difficulté avec laquelle la collectivité maintient certains morts à distance et procure une place à tous les autres. Une question qu’aborde également Éric Crubézy (Université de Toulouse III), au travers de ses recherches de terrain sur la diversité des pratiques et rituels funéraires, de la Sibérie aux sarcophages de Notre-Dame de Paris. Enfin, Annette Becker (Université Paris Nanterre) interroge les enjeux mémoriels des violences de masse et les deuils insurmontables des morts des guerres et des génocides.