Le Mas de Voukoum en Guadeloupe ou la genèse d’un rite oublié : réinventer ses ancêtres à travers le carnaval
Lauréate du prix de Thèse FME Le Mas est un rituel qui se pratique depuis la fin des années 1980 en Guadeloupe par quelques milliers de participants, de façon hebdomadaire pendant les deux mois de la saison carnavalesque. Ce rituel, que le groupe Voukoum pratique d’une façon plus codifiée que les autres groupes de la même catégorie -les gwoup-a-po- se définit en référence à un récit, celui des personnes réduites en esclavage pratiquant en secret des rites d’initiation africains à la faveur d’une agitation carnavalesque qui atténuait annuellement les rapports de domination propres au monde colonial. Le Mas comme réitération cyclique de ce rituel perdu est alors présenté indissociablement comme une pratique sacrée et une pratique de résistance en opposition au carnaval festif des maîtres. Il repose sur la mise en scène d’une histoire alternative peuplée d’ancêtres ravivés.