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Je vois rouge de Bojina PANAYOTOVA - Prix Georges Duby

France, 2017, 84 min, couleur, Stank

Je vois rouge est une quête déjantée et impossible : celle d’une vérité historique à la fois intime et collective. À 8 ans, Bojina Panayotova arrive en France avec ses parents – lui peintre, elle traductrice – qui ont quitté la Bulgarie après l’effondrement du régime communiste. 25 ans plus tard, à Sofia, elle se mêle à une foule de protestataires qui, sous le slogan « Ordures Rouges », accusent les anciens apparatchiks, devenus mafieux, de continuer à contrôler le pays. C’est le déclencheur, pour elle, d’une introspection familiale : elle suspecte ses grands-parents et même ses parents, d’avoir été non seulement des membres du Parti Communiste mais aussi des agents de la police politique. Son obsession, désormais : avoir accès à leurs dossiers, aux archives. Jusqu’à se fâcher violemment avec eux. Entre journal intime, enquête jouant avec les codes des films d’espionnage et réflexion sur le cinéma (où est la fiction ? où est le réel ?), Je vois rouge est un film d’Histoire rock, excessif, plein d’aspérités, perturbant et souvent hilarant. La réalisatrice se met en scène dans un réjouissant jeu de massacre, n’épargnant personne, et surtout pas elle – jusqu’au risque de devenir, comme son père lui suggère, une procureure, utilisant les armes de ceux qu’elle veut dévoiler. En jouant de toutes les matières possibles – des plus « sales « (skype, téléphone portable en image verticale et double écran, images de vidéosurveillance, gopro…) aux plus « nobles » (archives de propagande de l’époque communiste, photographies et films de famille), grâce à un montage serré et faussement bricolé, Je vois rouge fait apparaître une vérité qui n’est ni toute blanche, ni toute noire, mais de multiples nuances de gris.

— Laurent CIBIEN

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