Le Lab de l'enseignant

Territoires "perdus" ? Élèves "irrécupérables" ? Regards d'enseignants sur l'éducation prioritaire

Paru en 2018 l’ouvrage "Territoires vivants de la République. Ce que peut l’école", donnait la parole à un collectif d’enseignants engagés au quotidien dans les réseaux d’éducation prioritaire. Loin des discours catastrophistes relayés par les médias, le livre donnait à voir une école républicaine capable d’accueillir et de mettre en partage ce qui est commun comme ce qui divise. À l’occasion de la parution de "Parce que chaque élève compte. Enseigner en quartiers populaires", nouvel opus de ce collectif, les auteurs viennent partager leurs expériences, leurs méthodes de travail, leurs convictions et tout ce qui fait de l’école un lieu d’intégration, d’affranchissement et de construction civique.
Au sujet de l’enseignement de l’histoire, une antienne vient régulièrement envahir l’espace médiatique, les discussions professionnelles et les débats du sens commun : le récit commun, une histoire commune, ne pourraient plus se dire à l’école. Prise dans un marasme de revendications identitaires et religieuses, voire islamiste et antisémite, l’école en désarroi ne parviendrait plus à enseigner certaines questions dites " trop vives". Au premier rang, la Shoah. Depuis plus de vingt ans, le discours s'étoffe et prétend à l'impossibilité de dire le « nous » national, l'impossibilité de dépasser la concurrence des mémoires, la difficulté d'enseigner la guerre d'Algérie ou encore la question coloniale.
Que disent ces auteurs ? Que le récit commun est possible, à condition d’y répondre par des cours ou des productions pédagogiques qui s’appuient sur des contenus scientifiques rigoureux, renouvelés et vérifiables, face auxquels les stéréotypes que peuvent véhiculer les élèves ne résistent pas longtemps. Au fond, et c’est le cas parfois, il faut savoir entendre des mémoires blessées , issues d’un passé qui a toujours du mal à passer. Il faut parfois savoir accepter que l’histoire et la voix des vaincus puissent être formulées, entendues pour les intégrer au récit national.

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