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Sciences de l'Animal, sciences de l'Homme en Révolution 1780-1820

Carte blanche aux éditions Fayard

  La déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen efface les trois Ordres de l'Ancien régime . Désormais tous les humains sont égaux à la naissance. Mais en élargissant le cercle de la citoyenneté, le Nouveau régime rencontre la question des "sous-citoyens", voire de ceux qui ne le sont pas, mais qui, doués de sensibilité ne peuvent qu'interpeler le nouvel ordre politique, les animaux. Désormais la politique s'intéresse aussi au peuple des animaux. La police des bêtes devient une figure possible de l'ordre régénéré que veut offrir la nouvelle Nation ordonnée autour des lois dont elle se dote. Dans cette perspective, la fondation du Museum d'histoire naturelle et de sa ménagerie en 1793, répondent à la volonté  de recréer un monde nouveau, posé sur des relations harmonieuses entre hommes et animaux. L'école vétérinarie de Maison Alfort doit illustrer cette nouvelle relation avec l'invention de "nouveaux animaux républicains", utiles et domestiqués, mieux soignés. Pourtant une relation trouble existe entre homme et humains, lorsque la Révolution et Contre-révolution s'affrontent en essayant d'animaliser l'ennemi pour mieux l'abattre. Bientôt, ce sera le peuple qui portera le stigmate de l'animalité. Entre temps, la Convention a aboli l'esclavage, et ceux qui étaient considérés comme des bêtes, les africains, déportés dans l'empire colonial français, deviennent des citoyens à part entière. Certains ne l'acceptent pas et vont développer à l'aide des sciences naturelles dévoyées, un discours sur l'infériorité des africains comparés aux Européens, aux origines d'un racialisme, que le rétablissement de l'esclavage en 1802 par Bonaparte vient illustrer. C'est aussi le moment où s'arrête l'expérience d'humanisation de Victor, cet enfant « sauvage » capturé dans les forêts de l’Aveyron en décembre 1799, objet des soins du non moins célèbre médecin Jean-Marc Itard. L’évocation de ces deux noms indissociables renvoie quasi-immédiatement aux différentes scènes du film, désormais classique, de François Truffaut, L’enfant sauvage, sorti dans les salles en 1970.Victor de l’Aveyron est ainsi progressivement érigé en une incarnation du type même de ce qu’est l’enfant sauvage, sorte de modèle intemporelle de cette figure du « sauvage » face auquel - ou contre lequel - se sont construites les sociétés civilisées. Objet de lectures différentes, voire d’interprétations contradictoires, l’histoire de Victor permet de mesurer combien le thème de l’enfant sauvage est riche en multiples questions essentielles qui touchent au cœur même des principes sur lesquels reposent les sociétés humaines : de l’enfant abandonné à l’enfant handicapé en passant par l’enfant délinquant, il s’agit toujours de comprendre comment la société normalisée et organisée peut réagir face au différent et à la figure d’un « Autre » toujours susceptible de mettre en cause ses fondements, encore plus troublant lorsqu'il se rapproche d'une figure animale, sauvage...

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